Edito

Publié le par lerepondeur

 

Le répondeur est en danger pour des raisons financières, mais surtout parce que se pose la question quotidienne de savoir comment avoir un comité rédactionnel digne de ce nom tout en étant bénévole et fort peu nombreux. Ainsi le répondeur, qui est constitué d’un noyau dur de cinq personnes, a vécu le départ de Robin (pour raisons professionnelles) comme un coup dur : cela voulait tout simplement dire que 20 % de notre capacité à nous réunir, à réfléchir ensemble, se dilapidait dans la nature.

Et si, à ce jour, nous recevons beaucoup de marques de soutien de la part de ceux qui nous lisent, trop peu font le pas de venir écrire et s’inscrire dans ce journal. Or il s’agit là d’un point important qui définit l’identité (oui, il en a une! ) d’un journal où il s'agit, avant tout, de donner à chacun un moyen d'agir et de s'exprimer librement.

Pour permettre de mieux comprendre cet enjeu crucial, je donnerai l’exemple d’un collectif d’acteur (La réplique), dont, de 2001 à 2004, je me suis occupé avec d’autres. Son but était de proposer un espace de travail (libre d’accès) aux acteurs afin de leur permettre de travailler leur art comme des peintres, comme des écrivains, comme des artistes (c'est-à-dire régulièrement) et, surtout, indépendamment des sollicitations et des non-sollicitations d’un milieu professionnel versatile. Et chaque mois, l’un d’entre nous pouvait proposer un atelier, un training ou tout autre proposition permettant de travailler ensemble. Ces ateliers internes se terminant en faisant venir, grâce aux cotisations et aux subventions octroyées, un spécialiste dans le domaine sur lequel nous avions travaillé au préalable : celui-ci réalisait un stage où nous n’étions plus mis dans la position de l’acteur qui espère être embauché, mais dans la position de celui qui est moteur de sa recherche et qui dialogue activement avec l’intervenant. Ce projet n'avait évidemment de sens qui si les comédiens se saisissaient de cette proposition et s'ils souhaitaient travailler à être autonome par rapport au milieu dans lequel ils s'inscrivaient. Or, ce magnifique projet s’est malheureusement arrêté, surtout parce que les comédiens cotisaient à l’association uniquement pour participer à ces stages réalisés par “des maîtres”.

Et, depuis, qu’est devenue La réplique ? Je vous le donne en mille: une asbl chargée d’organiser castings et auditions pour les comédiens...

De la même manière, ce journal n’a de sens que s’il est cet instrument qui est "pris en main" et s'il passe de main en main, s'il devient un instrument permettant de se réunir autour d'une envie de nous bouger (et de faire bouger les autres) ensemble.

Or, c'est une triste réalité : aujourd’hui, tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont fait part de leur envie de participer au Répondeur se sont rétractés au dernier moment : par peur de perdre leur emploi (mais oui, je vous assure !) ou par peur de s’engager, tout simplement. L’un d’entre eux nous déclarant même : « Personnellement je suis incompétent pour juger objectivement le milieu du spectacle. Acteur, je ne suis pas neutre. On ne peut être à la fois juge et partie. A moins qu’on ne renonce à nos métiers et à nos responsabilités…»

Or, je pense que c’est justement prendre nos responsabilités que d’être critique face à notre art. Une critique qui veut dire, étymologiquement, « (l'art de) discerner ». Discerner (séparer, prendre de la distance), qui est le contraire du dogmatisme.

Aussi souhaitons que les choses changent afin que Le répondeur continue à vivre, non pas pour notre profit personnel (nous n’avons rien à gagner), mais au nom de notre intérêt général.

 

Fabien Dariel, Editeur responsable

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
http://alinetilleul.over-blog.com/article-nos-blogs-litteraires-sont-des-linceuls-39822860.html
Répondre
A
La question du comment est très bien posée. Nous en sommes tous là, qui voulons créer. Ceci dit, la question de "l'intérêt général" n'a pas vraiment de sens ...<br /> <br /> <br /> J'espère que le blogging vous apportera beaucoup.
Répondre